La petite parade

Pour ce premier jour de la semaine du Golfe 2015, nous sortons les kayaks du garage après un long hivernage. Le courage nous a manqué cette année pour manier la pagaie. Les embarcations sont mises à l’eau à la pointe du Berchis à Larmor Baden. Nous profitons de la marée descendante pour contourner l’île longue, longer la balise des Grégans et pointer vers la sortie du Golfe avant de revenir vers le phare de Port-Navalo. Malgré un faible coefficient, nous nous faisons balloter en tous sens, genre lessiveuse. La côte rocheuse défile. Quelques voiliers sortent encore de la petite mer. La majorité des bateaux sont au large. Nous allons tranquillement attendre la renverse sur la petite plage de Port-Navalo.

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Les voiles auriques, latines et carrées se rapprochent du goulet. Nous réembarquons, et pour Martine, avec une vague scélérate et un bon bain de siège. Les curieux s’agglutinent le long de la promenade. Nous rasons la jetée du port, l’écueil du Mouton et la bouée rouge avec pour cap la pointe sud de l’île longue.

Nous nous installons sur les rochers pour pouvoir admirer le passage de la flottille. Le vent a tendance à mollir. L’attente est plus longue que prévue. Des sinagos, des trois mâts, des lougres et des misainiers passent à une cinquantaine de mètres de notre promontoire sous un soleil rasant. Les couleurs sont chatoyantes.

Nous quittons notre rocher avec le dernier trois-mâts.

Sortie sinagote

Le sinago Jean et Jeanne est mis à notre disposition pour cette troisième journée du rassemblement des « vieux gréements ». Nous embarquons au port du Logeo. Nous gréons les deux voiles au tiers de la chaloupe. Nous larguons la bouée de mouillage dans la pétole. Les voiles ont du mal à se gonfler, le sinago se laisse entraîner par les courants. Au bout d’une heure, nous entamons le casse-croûte. La gîte est si faible que les verres tiennent droit sur le plancher. Nous voyons venir vers nous la Cancalaise, puis le Biche et le Marité. Nous coupons leur route pour avoir un angle de vue propice à de belles photos.
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Vers midi, la brise commence à s’établir. Claire en profite pour me refiler la barre. J’essaie de maintenir le bateau vent arrière en direction de la côte de Moustérian, puis nous virons en direction d’Arradon, en longeant les îles de Boëd et de Boëdic. Les sautes de vent se font de plus en plus fortes. Lors d’une survente, je tarde à lofer et l’eau affleure le plat bord. Le chef de bord reprend la chaloupe en main. Il hésite à prendre un ris. Nous saluons le Moine, sculpté au XIXème, avec un verre à la main et d’une prière : « Doublant le moine, il faut saluer, d'un coup de blanc, sans respirer. Bon vent, belle mer et bon courant, te porteront assurément. » Nous entrons dans le chenal de la rivière de Vannes. Nous doublons Port Anna et venons mourir au pied de la cale de Barrarach pour affaler la voilure. Au moteur, nous récupérons notre corps-mort en face du port. La flottille des voiles avirons et des bateaux croates défilent le long de notre coque. Nous attendons nos chauffeurs pour rentrer au Logeo en laissant le bateau à son port d’attache pour les prochains volontaires. Auparavant, nous les invitons à bord pour profiter d’une ambiance conviviale autour d’un goûter improvisé.

Balade arradonnaise

Après un jeudi venteux où tous les bateaux sont restés sagement au port, nous retrouvons le plancher des vaches pour suivre le retour de la flottille des bateaux de travail. Sur le sentier douanier, du côté d’Arradon, nous nous posons à la pointe de Kerguen, face à la maison rose. La flottille est éparpillée. Les premiers sinagos rentrent dans le chenal, suivis par beaucoup de voiliers qui ont affalés leurs voiles pour embouquer la rivière de Vannes. L’hygrograaf, avec la fanfare de rue sur le pont, fait une sortie tonitruante du goulet.
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Le retour, à marée haute, sera plus épique. Il nous faut ôter chaussures et chaussettes, relever les bas de pantalon, marcher sur des pierres glissantes, pour rejoindre les tronçons des sentiers existants.

L’apothéose

Pour contempler la grande parade, bouquet final des festivités maritimes, qui réunit toutes les embarcations de la semaine du golfe, il faut choisir avec soin son endroit stratégique. Lors de la première journée, nous avions observé que les bateaux passaient à proximité de la pointe du Monténo. Nous laissons notre véhicule dans le bourg d’Arzon, puis nous rejoignons le GR34 qui longe les rives du Golfe. C’est une superbe promenade qui permet d’avoir une vision panoramique sur l’entrée de la petite mer. Nous prenons position sur les rochers, nous sortons notre pique-nique en attendant le début du défilé nautique. Quelques retardataires viennent frôler la côte pour profiter des contre-courants et rejoindre Port-Navalo. La gendarmerie maritime veille et repousse hors du chenal de navigation les pneumatiques et autres vedettes motorisées qui dépareillent face à la beauté des coques anciennes.

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La ronde des hélicoptères annoncent l’arrivée imminente des premiers bateaux. C’est une forêt de mâts drapés qui s’avancent entre le phare de Port-Navalo et la vierge de Locmariaquer. Poussés par le courant et un vent bien établi de trois quart arrière, ils passent majestueux devant nos yeux éblouis. Ainsi une procession de 1200 bateaux de toutes tailles, d’origine anglaise, hollandaise, allemande, croate, française s’étire dans le flot tumultueux du courant de la Jument.