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La veille du départ, monsieur Météo nous annonce une mauvaise nouvelle. En effet, au programme du lundi, pluie continue et risque d’orages sur la Haute-Garonne. Autrement dit, notre plan de partir d’Hospice de France, de franchir le port de Bénasque et de rejoindre l’hôtel Turpi, côté espagnol, est remis en question. Dimanche soir, nous logeons à Bagnères-de-Luchon, en centre ville, dans un charmant appartement. Les conditions météorologiques se confirment. Nous décidons de rejoindre la vallée espagnole par la route. Les essuie-glaces fonctionnent sans faillir jusqu’à l’hôtel. Mais pour ne pas nous appesantir sur le sort funeste de ce début de vacances, nous décidons de parcourir l’arboretum situé à proximité de notre hébergement.

Lundi

Distance : 3,2 km
Dénivelé : ± 155 m

Sous le couvert d’un parapluie, une première en vingt ans de randonnée, nous découvrons les diverses essences de végétation qui poussent le long du torrent grâce aux panneaux d’information disposés au pied de chaque espèce et ce, malgré notre pitoyable connaissance de la langue de Cervantès. Le sentier longe le rio Esera. Des cascades agrémentent notre ascension. Martine m’interpelle, en montant un escalier de rondins. Elle vient d’apercevoir un petit amphibien noir et jaune. Il s’agit d’une salamandre, cet urodèle nocturne profite des fortes pluies pour se promener à découvert, en plein jour. Nous observons sa difficulté à franchir le rondin de bois lisse et abrupt. Nous laissons cet individu si difficilement observable continuer sa virée dans les sous-bois aragonais.

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Arboretum                                            Salamandre                                                                                      Passerelle sur la rivière Esera

Une passerelle métallique nous permet de rejoindre l’autre rive au dessus d’une eau tumultueuse. Nous attendons avec beaucoup d’impatience l’heure du dîner, servi à notre goût fort tard : 20h30. Avec beaucoup de persévérance, nous arrivons à faire notre choix sur la carte du menu. La cuisine est généreuse, roborative mais sans finesse. Au moment du dessert, grosse déception, la crème catalane tant désirée est épuisée.
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Carte Openstreetmap - Tracé Sitytrail sur Androïd

Mardi

Distance : 17 km
Dénivelé : ± 680 m

A travers les rideaux de la chambre, un rai de lumière s’infiltre. Le soleil est au rendez-vous. Nous allons pouvoir découvrir le plan d’Estan. Nous profitons de notre véhicule pour rejoindre le parking aménagé de Llanos del Hospital. Au son des cloches, nous rentrons de plein-pied dans les pâturages d’estive. Des centaines de vaches sont disséminées dans la vallée. Il faudra être aux aguets pour ne pas mettre le pied dans une galette bien fraîche et éviter une glissade déshonorante. Nous traversons ce long plateau au ras des museaux de ces bêtes à cornes placides. Nous grimpons quelques petites déclivités boisées avant d’arriver près d’un lac en partie asséché. Le peu d’eau accueille quelques canards. Nous coupons la route qui dessert La Besurta. Seuls les bus peuvent circuler dans cette partie du parc national durant la saison estivale. Nous avons l’intention de le prendre au retour.

La majorité des randonneurs ont préféré se faire transporter jusqu’à la fin de la route. En effet, en arrivant à La Besurta, un nombre important de promeneurs viennent uniquement pour découvrir les deux points d’intérêt de cette excursion, la dolina et le forau d’Aigualluts. L’eau provenant de l’Aneto vient s’enfoncer sous terre après avoir chuté d’une dizaine de mètres sous la forme d’une magnifique cascade. Nous arrivons sur un immense plateau parcouru par les multiples bras de différents barrancos. Nous nous allongeons sur l’herbe tendre en contemplant les cimes alentour dont certaines présentent encore des plaques de neige. Ce repos est bien mérité car la forme n’est pas au rendez-vous. Néanmoins nous décidons de continuer vers le refuge de la Renclusa. Nous contournons ce qui peut sembler être une immense zone humide à défaut d’être un lac. Puis nous entamons une bonne grimpette vers le point culminant à 2287 mètres avant de basculer vers le refuge.
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D’une capacité de 110 places, il accueille les randonneurs du GR11, les grimpeurs et alpinistes vers les pics environnants dont le fameux Aneto, point culminant des Pyrénées. Ceci est une autre aventure que nos capacités physiques et notre technicité ne sont pas en mesure d’affronter. Nous prenons conscience de nos limites, ce qui ne nous empêche pas de profiter de la beauté de ce qui nous entoure et d’être lucides du privilège de pouvoir la contempler en toute quiétude. A la Besurta, nous attendons l’arrivée du bus. Au moment du regroupement auprès de l’autocar, Martine est la seule à ne pas posséder le précieux sésame. En Espagne, contrairement à la France, le transport public oblige le port du masque anti-covid. Nous devons nous résoudre à parcourir quatre kilomètres de plus pour rejoindre notre parking avec la seule compensation d’avoir un faible dénivelé négatif et la fâcheuse déconvenue, au bout d’une demi-heure de marche, de découvrir que Martine avait un masque en tissu au fond d’une de ses poches. Nous retrouvons nos amis les bêtes qui paissent sans relâche et lâchent dans l’atmosphère des quantités de méthane. Il semble que les Espagnols soient encore fort friands de viande. Les menus de l’hôtel le confirmeront.
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Carte Openstreetmap - Tracé Sitytrail sur Androïd

Mercredi

Distance : 7 km
Dénivelé : ± 602 m

En ouvrant les rideaux, le soleil rasant illumine les sommets pyrénéens. Une belle journée se profile pour entreprendre une deuxième randonnée. Nous nous garons au bout de la voie sans issue, au dessus de Llanos del Hospital. Nous partons en direction du port de La Glère. Le début du sentier est escarpé. Nous devons lever la jambe pour franchir les blocs de pierre. Le panorama est magnifique, le son des clarines monte jusqu’à nos oreilles. Nous parcourons un replat où s’épanouissent une multitude de gentianes. Puis nous traversons une zone d’estives parcourue par de petits torrents. Nous croisons très peu de randonneurs. Il faut dire que la région de Bénasque est riche en possibilités de randonnées, les marcheurs peuvent donc s’éparpiller dans les différentes vallées. Dans ce parc naturel Posets-Maladeta, nous sommes frustrés de ne pas observer d’animaux comme des isards ou des marmottes. Entre les petits lacs de la plana de Gorgutes et le lac de Gorgutes, la pente se fait un peu plus raide sans avoir pour autant à regarder constamment où poser les pieds. Nous profitons ainsi du paysage. Au lac, Martine ressent un coup de fatigue. Nous nous posons quelques instants avant d’entamer la dernière ligne droite vers le col. Au bout de 20 minutes, nous découvrons la France.
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L’accès au port de La Glère semble plus facile côté espagnol car, côté français, la descente dans le schiste paraît acrobatique. Le vent souffle en rafales. Nous nous abritons derrière une paroi rocheuse. L’heure du pique-nique est proche. Nous redescendons au bord du lac pour sortir nos victuailles. Nous assistons au bain d’un groupe de joyeux gaillards anglais qui ne semblent pas ressentir la température glaciale de l’eau du lac. Exceptés les derniers cent mètres, la descente s’effectue tranquillement, en prenant le temps de photographier des champignons aux reflets dorés, des orchis, des campanules.

Nous terminons notre après-midi sur la terrasse de l’hôtel à siroter une bière bien fraîche en décryptant l’actualité d’un journal espagnol.
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Carte Openstreetmap - Tracé Sitytrail sur Androïd

Jeudi

Nous quittons la région aragonaise sous un beau ciel bleu. A l’approche du col du Portillon, les essuie-glaces se remettent en marche et la purée de pois s’intensifie. Nous passons Bagnères-de-Luchon et nous poursuivons vers Loudenvielle pour goûter aux délices du centre de relaxation Balnéa alimenté par des eaux chaudes sulfureuses. Nous nous arrêtons au bord du plan d’eau pour déjeuner, puis en guise de promenade digestive nous contournons le lac sur une piste sablée en découvrant les diverses activités proposées par la station. A notre arrivée devant le centre thermo-ludique, nous hésitons un moment avant de nous intégrer à la file d’attente. Malgré les groupes scolaires qui nous passent sous le nez, nous résistons. Et le bilan est très positif. Les différents espaces permettent de trouver des endroits relativement calmes. Nous profitons des bains japonais où la température de l’eau évolue graduellement, du hammam et du frigidarium de l’espace romain, des saunas et des bassins extérieurs mayas et incas. Nous ressortons l’esprit zen et le corps détendu de cet espace bien-être. Nous regagnons notre petit appartement au centre ville de Bagnères de Luchon.

Vendredi

Nous quittons la Haute-Garonne pour les Hautes-Pyrénées. Nous délaissons Bagnères-de-Luchon pour Bagnères-de-Bigorre. Nous allons prendre de l’altitude sans trop de dépense physique car nous empruntons le téléphérique du Pic du Midi pour aller visiter l’observatoire et admirer la chaîne pyrénéenne. Une première cabine nous amène à une gare intermédiaire située juste au-dessus d’une mer de nuages. Nous passons dans une autre cabine qui nous amène au sommet culminant à 2876 mètres. De la terrasse, le panorama est à couper le souffle. La visite des espaces pédagogiques permet d’entrevoir la complexité de l’astrophysique.
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L'observatoire du Pic du Midi et sa terrasse panoramique                                   Vue sur la chaîne pyréneenne

De retour à Bagnères-de-Bigorre, nous prenons possession de notre chambre d’hôtes tenue par une ancienne cultivatrice, bavarde comme une pie. La décoration est assez kitch et l’ambiance un peu déprimante. Alors malgré un petit jardin accueillant, avec une vue panoramique sur le Pic du Midi, nous redescendons bien vite vers le centre ville avec la ferme intention de goûter aux attraits d’un nouveau centre thermal : Aquensis. Quand on aime, on savoure ces moments de détente, de bien-être, de sensation de purification. Et pour conclure ce séjour au programme grandement modifié, quoi de mieux qu’un bon petit restaurant. L’assiette de Juliette nous ravit les papilles gustatives.