Samedi
Entre la Bretagne et les Alpes, une pause s’impose. Comme les années précédentes, le festival des jardins au château de Chaumont-sur-Loire retient toute notre attention. Le thème de cette année 2023 est intitulé : le jardin résilient. Vers l’heure de midi, nous profitons de la pause repas pour parcourir en toute quiétude les vingt-cinq jardins du festival. Irrigation, autosuffisance, sobriété, plantes pionnières, envahissement de la mer, tous les aspects pour réinventer le jardin face au dérèglement climatique ou aux dégradations multiples sont mis en valeur par les concepteurs. L’exposition d’art contemporain dans les différents bâtiments du domaine a titillé tous nos sens, notamment les céramiques de Grégoire Scalabre, les herbes dorées à la feuille d’or de Sophie Blanc.
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Le jardin de tuiles (irrigation)                                                                       Le chant du sel (envahissement eau de mer)

Dimanche
Après une journée de route sous une chaleur écrasante avec 35°c au passage de Lyon et de Grenoble, nous commençons à sentir la fraîcheur en montant vers Saint-Michel-des-Portes. Une petite route en lacets nous amène au hameau de La Bâtie où nous posons nos valises à la chambre d’hôtes « la Grange aux Loups ». Dans cette vieille ferme, les chambres sont aménagées dans une ancienne grange. Nous occupons une vaste pièce avec terrasse, orientée plein sud et avec pour horizon la chapelle du village et le mont Aiguille. Première déconvenue, nous sommes en zone blanche, aucune communication avec l’extérieur n’est possible. Durant le repas nous faisons la connaissance d’un couple d’ardéchois et d’un belge, tous forts sympathiques. Côté hébergement et restauration, nous sommes ravis. Par contre le mutisme des propriétaires nous surprend. La volonté de dialoguer et de faire découvrir leur région semble aux abonnés absents.

Lundi

Kilomètres : 13km ; Dénivelé : ±600m

Après moultes hésitations, pour une mise en jambes progressive, nous optons pour une randonnée de difficulté moyenne au départ de Gresse-en-Vercors. Nous covoiturons notre ami belge qui est venu du plat pays en train et se trouve démuni de moyen de locomotion. Du centre bourg, nous montons vers le col de l’Allinas. Le chemin creux est bordé d’innombrables fleurs dont des orchis en pleine éclosion. Les dosettes de café et les fruits ont été oubliés dans le véhicule. Pour alléger le sac, l’eau chaude inutile est déversée sur le chemin. Nous traversons une zone boisée avant d’atteindre le col. L’horizon se dégage et les deux sommets emblématiques du Vercors : le mont Aiguille et le Grand Veymont apparaissent. Nous bifurquons pour atteindre l’antenne installée au sommet du Brisou. Une borne géodésique est également présente à la côte 1674 m. Nous redescendons par la même sente et nous parcourons la crête du Brisou jusqu’à l’arrivée du téléski des Alleyrons.
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Le grand Veymont                                                                                         Le hameau de la Bâtie et le mont Aiguille

La présence de tables de pique-nique à cet endroit nous permet de savourer notre frugal déjeuner en profitant d’un somptueux panorama. Nous perdons en altitude en cheminant sur la crête des Alleyrons avant de nous enfoncer dans une zone boisée. Puis nous suivons le sentier des fleurs qui nous amène au site de l’odyssée verte. Une exposition photographique sur l’œuvre d’Albert Kahn nous présente quelques clichés autochromes des années 1920-1930 pris à travers le monde (selon le procédé des frères Lumière). Nous rejoignons le village bien endormi en ce milieu d’après-midi. Faute de trouver un endroit pour satisfaire une petite soif, nous retournons au gîte, nous désaltérer et nous détendre sur la petite terrasse commune.
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Mardi

Kilomètres : 17km ; Dénivelé : ±1000m

Nos amis ardéchois nous quittent pour retrouver leur contrée. De la Bâtie, à pied, nous progressons sur un chemin d’exploitation, entre des près récemment fauchés avant d’entrer dans la forêt domaniale du petit Veymont. Après 400 mètres de dénivelé positif, nous passons du végétal au minéral. Une trace dans le pierrier nous dirige dans le ravin des Serres et du Maupas. Les pierres roulent sous nos semelles rendant la marche délicate. Nous louvoyons entre deux parois rocheuses assez rapprochées. Trois randonneurs nous précèdent. L’un d’entre eux nous fait signe, en nous montrant un vaste éboulis. Nous découvrons alors un troupeau de bouquetins. Des femelles et des jeunes se promènent au milieu des blocs de pierre tandis que d’autres se reposent à l’ombre de rares et maigres résineux. Nous restons un moment à les observer sans que notre présence les effraie. Puis le pas des Bachassons apparaît et l’horizon s’élargit. A 1903 m, nous basculons sur la plaine de la Queyrie. Une vaste étendue herbeuse qui préfigure l’immensité des plateaux du Vercors. Dans ce décor champêtre où une multitude de fleurs s’épanouissent, nous poussons notre marche jusqu’aux anciennes carrières romaines.
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Audit lieu, nous apercevons des parois rocheuses entaillées. Au moment de nous installer pour pique-niquer, je remarque d’innombrables edelweiss. Ces rares fleurs d’altitude poussent ici à profusion. Nous retournons vers le Pas de Bachassons, puis nous nous dirigeons vers le Pas de la Selle en suivant la trace laissée par de nombreux randonneurs car la réserve naturelle a proscrit tous les balisages. En dessous du Pas de la Selle, j’entr’aperçois deux beaux mâles bouquetins sur le sentier. Nous nous approchons et nous retrouvons nos trois précédents randonneurs en train d’observer des jeunes qui se déplacent sans hésitation dans la pente caillouteuse. Les deux mâles grimpent en haut d’un promontoire avant de disparaître. Le risque écarté de recevoir une pierre sur la tête, nous poursuivons notre descente. Le terrain est roulant ; les bâtons permettent de maintenir une certaine verticalité malgré quelques glissades involontaires. Enfin la roche cède la place à la forêt et à une stabilité retrouvée. Les derniers kilomètres, sur un large chemin forestier, sur la route puis un sentier assez raide pour arriver à la chapelle de la Bâtie, commencent à tirer dans les jambes. Le repas du soir toujours aussi savoureux et copieux se fait en compagnie de deux savoyardes et d’un couple de vacanciers normands de passage.
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Mercredi

Kilomètres : 17km ; Dénivelé : ±750m

Nous délaissons la montagne pour le lac de Monteynard-Avignonet situé à une trentaine de kilomètres de notre hébergement. Le lac apparaît dans son écrin montagneux, d’une couleur bleu turquoise. Nous nous garons sur le parking payant des Vignes afin de pouvoir profiter des deux attractions qui font la renommée du site à savoir les passerelles himalayennes. Le sentier longe le lac en surplomb. Au bout de deux kilomètres nous atteignons la première passerelle qui traverse un des bras du lac sur une longueur de 180m à 60 mètres au dessus de l’eau. A l’arrêt, un léger balancement se fait sentir, mais en se déplaçant seule l’appréhension du vertige peut en émouvoir certains.
Nous bifurquons sur un petit diverticule qui nous amène au pied du pont de Brion. Construit en 1951, suivant la construction par haubanage, il permet de relier Monestier-de-Clermont à Mens en franchissant l’Ebron. A proximité nous observons l’orchis bouc que nous a signalé un groupe de randonneurs rencontré un peu plus tôt. Les cinq kilomètres qui nous séparent de la deuxième passerelle sont relativement fatigants tant par la chaleur que par un profil en dents de scie et des racines très apparentes. La deuxième passerelle d’une longueur de 220 mètres permet de passer sur l’autre rive.
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Passerelle himalayenne                                                                                  Lac de Monteynard-Avignonet

Une fois celle-ci franchie, nous faisons demi-tour contrairement à de nombreux marcheurs qui, trois kilomètres en aval, récupèrent la navette fluviale qui les ramènera à bon port. Sans réservation préalable, point de transport maritime mais à nouveau deux passages vertigineux pour retrouver notre véhicule. Le repas du soir est animé. Chacun raconte les péripéties de sa journée, mais à 21 h 45, nous sommes contraints de quitter la salle à manger. Alain le Belge, Arlette et Nicole les savoyardes et nous les bretons, nous nous retrouvons dans la salle commune du gîte pour continuer nos élucubrations sur les transports suisses et belges.
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Jeudi

Kilomètres : 9,2km ; Dénivelé : ±525m

La météo est propice aux averses. Nous choisissons une randonnée qui ne présente pas de difficultés particulières tant par sa longueur que par son dénivelé. De la place centrale de Gresse-en-Vercors, nous suivons le balisage spécifique au chemin patrimonial de la montagne du Laud. Il nous dirige vers le Pas de Serpaton. En sous-bois, au milieu des fleurs, nous gravissons une pente à 17% pour arriver au parking du Pas de Serpaton, trempés de sueur. Nous restons un moment à lire les panneaux explicatifs sur la gestion des alpages dans le siècle dernier et les travaux entrepris pour faciliter le travail des vachers. Nous empruntons la petite route qui mène vers le relais de télévision. Sur la crête, nous apercevons les bourgs de Saint Paul-lès-Monestier et de Monestier-de-Clermont. Une brume tenace ne nous permet pas d’apercevoir la chaîne alpine. Nous rebroussons chemin jusqu’à la halle pour continuer sur le chemin patrimonial.
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Pas de l'Echaillon                                                                                           Hameau de Chaumeil

L’absence de balisage entre la route et le hangar ou halle nous fait hésiter avant de franchir les clôtures et de découvrir sous ce bâtiment ancestral, une exposition sur la vie familiale dans les alpages durant l’estive. En passant derrière la bâtisse, nous retrouvons le balisage qui nous dirige vers le Pas de l’Echaillon. Nous descendons dans une combe couverte d’espèces florales variées en forme et en couleur jusqu’au village du Chaumeil. Dans un champ pentu, nous nous installons pour déjeuner. Face à nous paissent un troupeau de vaches et de veaux à la robe noire, des Aberdeen Angus originaires d’Ecosse et réputés pour une viande finement persillée. A travers des parcelles récemment fanées, nous rejoignons la Serre Monet. Le clocher de Gresse-en-Vercors apparaît. En fin de soirée, l’orage menace et finit par éclater durant le repas.
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Vendredi
Ce matin, la pluie est au rendez-vous. Nous patientons dans la chambre avant de prendre la route pour Mens-en-Trièves. Nous déambulons dans le centre historique. Des clichés photographiques sont exposés dans l’enceinte du temple, dans le jardin de l’église, dans la librairie et le musée. En attendant l’ouverture du musée rural du Trièves, nous allons déjeuner au café des Arts qui présente un décor intérieur inscrit sur la liste supplémentaire des monuments historiques. Les fresques murales datent de 1895 et sont l’œuvre du peintre picard Gustave Riquet. Dans la salle aux boiseries d’époque encadrant les peintures, nous prenons place au milieu d’ouvriers, de retraités et de touristes. Après un copieux repas, nous visitons le petit musée qui donne les clés de compréhension de ce territoire et une exposition temporaire sur l’histoire des châteaux du Trièves.
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Les halles de Mens                                                                                        La chapelle de la Bâtie et le mont Aiguille

Notre soirée se termine au gîte. Le repas se déroule dans une ambiance toujours aussi peu conviviale avec les propriétaires. Nous avons hâte de prendre la route pour l’Ardèche malgré les très bons souvenirs que nous garderons de ce séjour.