A peine franchi le seuil de la porte avant de l’Airbus A320, nous constatons que la chaleur barcelonaise n’est pas au rendez-vous. Cette chaleur dont je vous parle, elle s’exprime en degrés Celsius. Nous supportons nos trois couches de vêtements que nous n’avons pas quittés de tout l’hiver en Bretagne. Heureusement, mon fils et sa compagne nous accueillent dans le hall de l’aéroport avec entrain et enthousiasme. Ils nous conduisent directement à notre hébergement, BedandBeach, situé dans le quartier de Bogatell, et comme son nom l’indique à 5mn à pied de la plage. Juste le temps de se présenter, de déposer nos affaires et nous filons tous ensemble vers le front de mer. Les plages sont immenses, bien entretenues et bien équipées. Une houle bien présente a suffi pour faire apparaître quelques planches de surf. Nous déambulons sur une large promenade bordée de palmiers, où les piétons, les cyclistes, les skateurs, les adeptes des trottinettes électriques ont le loisir de se déplacer en toute quiétude. Nous approchons du quartier de Barcelonetta où nous avons prévu de dîner. Cet ancien quartier de pêcheurs, aux rues droites et parallèles et aux façades de maisons aux couleurs décrépies et au linge séchant aux fenêtres, reste populaire malgré la propension importante de touristes à errer de bars en restaurants. Sur la place de Barceloneta, nous nous engouffrons sous une terrasse chauffée par des brûleurs à gaz pour savourer une sangria afin de nous mettre à l’heure espagnole.
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 Parc Guell                                                                      Cathédrale de Sainte Croix 

Nous poursuivons notre quête de l’authenticité, en allant manger dans une arroceria, l’Arros, dont les paëllas sont réputées. Pour ma part je commande une paella negra, à l’encre de seiche. Quelle surprise de voir arriver un plat rempli d’une mixture de couleur noire charbonneuse. La première impression est de se dire : c’est cramé. Puis la fourchette donne une deuxième impression de moelleux. En bouche, le goût est exquis. Chacun savoure son plat aux saveurs méditerranéennes.

Dimanche 8 mai

En écartant les rideaux, quelle surprise ! Nous découvrons Barcelone sous la pluie. Le temps de traînasser en attendant l’heure du rendez-vous avec nos expatriés, la situation météorologique s’améliore. Il ne pleut plus.

La ligne jaune du métro nous entraîne vers le quartier de Gracia pour une visite du parc Guell. Après un bon bout de chemin à pied, nous arrivons à l’entrée du parc dont une partie, et notamment les mosaïques de Gaudi, est payante. Sur les indications de nos guides, nous délaissons ce droit d’entrée pour profiter de l’autre partie du parc. Les allées, tout en courbe, respectent le relief de cette colline transformée en jardin. Les averses se succèdent, les parapluies multicolores viennent égayer l’atmosphère brumeuse et triste qui entoure le parc. Malgré ces aléas, nous grimpons jusqu’au belvédère pour ne rien voir. En effet, la brume recouvre toute la ville de Barcelone, estompant les couleurs chaudes sous un gris fade et laiteux. La visite de ce jardin remarquable aura été gâchée par une météo exécrable.

Nous redescendons vers le cœur de la ville, dans le quartier gothique, à la recherche d’un bar à tapas. Les plus réputés sont pris d’assaut. L’attente pour disposer d’une table est excessivement longue. Sur une petite place, au cœur de la cité, une terrasse accueillante nous offre l’opportunité de satisfaire à notre besoin alimentaire. Après le plaisir de bons sandwiches chauds, d’une bonne bière et d’un café solo ou cortado, l’envie de découverte et de partage est retrouvée. Tout naturellement, nous décidons de visiter la Cathédrale Sainte Croix, située à deux pas de notre lieu de restauration. Extérieurement, elle ne donne pas une impression de grandeur, mais l’intérieur est remarquable.

De chaque côté de la nef, dix sept chapelles sont ornées d’autels, de mobiliers surmontés de tableaux, de statuaires, de pur style gothique. L’or domine l’ensemble de ces représentations religieuses. La visite se poursuit en s’élevant vers les voûtes célestes. Un ascenseur nous dépose sur les terrasses, à la base des clochers. Du toit de la Cathédrale, notre vision embrasse la vieille ville, les ports et les tours de la capitale catalane.

De retour sur le parvis où s’étend une longue queue de visiteurs, (nous l’avons échappé belle), nous poursuivons notre pérégrination vers le quartier Saint Pierre. Nous passons devant la façade exubérante, représentation du moderniste catalan, du palais de la musique catalane. Puis nous déambulons dans ce quartier où nous trouvons peu de touristes, mais des places, aux arbres de haute tige, fort accueillantes. Nous débouchons près du jardin de Ciutadella. L’arc de triomphe, ancienne porte principale de l’exposition universelle de 1888 attire l’œil. Un salon des activités nature en Catalogne s’est installé dans l’allée menant au parc. Par curiosité, nous jetons un coup d’œil aux différents stands, notamment sur celui de la gastronomie locale. C’est ainsi que nous nous retrouvons à déguster un excellent verre de vin rioja, du fromage, des pizzas et une crème catalane.

Nous regagnons notre hébergement, avec force de kilomètres dans les jambes.

Lundi 9 mai

Levée de rideau. Un plafond bas, un ciel nuageux, le soleil d’Espagne n’est pas au rendez-vous. Peut-être garderons-nous les pieds au sec. Les sandales resteront au fond du sac. Nous avons prévu une visite du palais de la musique catalane avec visite guidée en français. Celle de 10h30 est complète, nous avons une heure devant nous pour battre le pavé. Alors direction la place Réal. Nous pénétrons dans cette place fermée, où un ballet de camions de livraison viennent décharger leur casiers à bouteilles dans tous les restaurants installés sous les arcades. Chacun vaque à ces occupations. Les livreurs livrent, les serveurs balayent, les guides expliquent et les touristes photographient.

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Place Réal

Nous entrons solennellement dans l’auditorium du palais musical. Un petit film nous est projeté sur la construction par l’architecte Lluis Domenech entre 1905 et 1908. Nous pénétrons dans la salle de restaurant dont le balcon est surmonté de colonnes en mosaïques évoquant des compositions florales.

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Quelques marches de plus, et l’immense salle de concert s’offre à nos regards éblouis par tant de prouesses artistiques. Les mosaïques, les vitraux, les sculptures, les balustres de verre, tout concourt pour offrir aux spectateurs une harmonie de teintes, de couleurs, de vibrations et de luminosité.

Nous descendons au niveau de la scène pour un autre champ de vision, notamment au niveau de la verrière du plafond. Deux éléments nous ont fait défaut, le soleil pour apprécier l’ambiance lumineuse du lieu et le concert pour la restitution sonore de la salle.

Autre lieu, soi-disant, incontournable de Barcelone : le marché de la Boqueria. Nous descendons les Ramblas avant de parvenir à l’entrée du marché. Difficile de se tromper, un flot continu d’entrants et de sortants se croisent sans interruption. Les étals sont savamment élaborés, de couleurs chatoyantes, débordant de victuailles, de produits locaux. De nombreux stands préparent les tapas, où s’accoudent nombre de promeneurs pour un déjeuner convivial.

Nous avons posé notre dévolu sur le bar le Pinotxo (celui au long nez). Après une demi-heure d’attente afin de pouvoir nous installer au comptoir, nous commandons quatre ou cinq tapas différentes, plus succulentes les unes que les autres, accompagnées de la pression locale.

La pluie revient jouer les trouble-fêtes. Or le lundi de nombreux musées ou expositions sont fermés ; nous décidons d’aller visiter l’aquarium, situé sur le port. Arrivés place de Catalunya, nous nous apercevons que nous venons de prendre Les Ramblas à rebrousse poil. La pluie redoublant de vigueur, nous nous abritons momentanément dans un centre commercial, mais sans conviction.

Alors, d’un pas alerte, nous rejoignons le port qui abrite de nombreux yachts. Devant le tarif prohibitif du billet d’entrée et la foule compacte devant les guichets pour accéder à l’aquarium, nous renonçons. Nous rejoignons notre maison d’hôtes en longeant le bord de mer. Nous prenons une pause-goûter bien méritée pendant que mes chaussures dont l’étanchéité fait défaut tentent de sécher.

Nous donnons rendez-vous pour le dîner dans le quartier de Barceloneta, où le guide Lonely Planet mentionne deux bars à tapas à ne pas manquer. A la sortie de la bouche de métro, nous retrouvons nos deux barcelonais d’adoption. Le premier bar n’ouvre qu’à 20 heures, nous entrons au Jaica. L’ambiance est celle d’un bar traditionnel, sans chichis, ni déco particulière. Un bistrot de quartier. Une fois installés, nous commandons quelques tapas pour nous mettre en appétit et prendre une décision quant à la suite à donner. La dégustation est très favorable notamment sur les produits de la mer, calamars, anchois, sardines : nous restons.

Mardi 10 mai

Séance peinture, en commençant par une visite du musée Picasso. En direction du parc de Ciutadella, nous croisons les écoliers et les collégiens en chemin pour l’école. Nombre d’entre eux se déplacent en trottinette. Existe-t-il des parkings à trottinette dans les cours d’école ? A la sortie, on peut s’attendre à des départs sur les chapeaux de roues !

L’entrée du musée est située dans une petite ruelle. Avec notre billet coupe-file, nous pensions contourner une foule d’imprévoyants. Que nenni ! Seuls quelques groupes d’asiatiques viennent remplir les salles d’exposition. Nous avons pu, en toute tranquillité, profiter des œuvres du Maitre. Un musée riche des peintures de jeunesse de Picasso et une collection remarquable de la série Les Méninas d’après l’œuvre de Vélasquez.

A deux pâtés de maisons du musée, se dresse la basilique de Santa Maria del Mar, construite grâce à la contribution des paroissiens de la Ribera au XIVème siècle. Elle est le symbole de l’humilité et de la foi des pêcheurs qui la construisaient. En effet, malgré sa taille impressionnante, les chapelles latérales ne sont pas gorgées de dorures et de richesses exubérantes.
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Quartier Gothic                                                                                 Tour Agbar

Quelques rayons de soleil viennent baigner la place de la Cathédrale lorsque nous nous installons pour avaler un sandwich avant d’aller baguenauder au marché Sainte Catherine. Quelle tranquillité, les allées sont quasi désertes et, pourtant les étals regorgent de denrées alimentaires.

La découverte de Barcelone se fait à pied, car chaque quartier présente un visage différent, chaque rue renferme une ou plusieurs façades d’immeuble insolite. Au parc de Ciutadella, nous prenons le temps d’une pause verdure, calme et sérénité. Pour finir notre tourist-tour, nous empruntons l’avenue Meridiana jusqu’à la tour contemporaine Agbar, construite par Jean Nouvel. Elle semble jaillir du sol tel un geyser, illuminée de 40 couleurs différentes. D’autres comparaisons sont possibles : campanile, obus, suppositoire. Chacun fera selon son humeur du jour. Elle ne laisse pas indifférente et semble tirer vers le haut ce quartier en pleine expansion.

C’est du côté du musée du design, ouvert en 2014, que notre quête de l’évolution des technologies, du graphisme et des arts décoratifs se poursuit. Un musée qui mérite vraiment le détour et qui semble méconnu. Seulement deux à trois personnes par étage circulaient parmi les collections.

Grâce au tramway, nous retrouvons le front de mer.

Pour être sûr d’avoir une table à Ca Miro, notre deuxième bar à tapas dans Barceloneta, nous arrivons 10 mn avant l’heure d’ouverture. Avant que les portes ne s’ouvrent, nous sommes déjà une douzaine de personnes agglutinées sur le trottoir. La réputation des guides n’est pas exagérée. Nous goûtons à de délicieuses tapas de produits de la mer.

Mercredi 12 mai

Nul besoin d’écarter les pans du rideau, une charmante lumière vient baigner notre petite chambre douillette. Pour cette dernière journée, Barcelone a retrouvé les couleurs de son drapeau catalan.

Nous consacrons cette dernière journée à l’incontournable et inachevée œuvre de Gaudi : la Sagrada Familia.
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La maison Batllo                                                                               La Pedrera

Avant d’arriver à la merveille, nous descendons à la station de Passieg de Gracias pour s’ébahir devant d’autres beautés gaudiennes. En face la Casa Batllo qui constitue un univers fabuleux mélangeant génie architectural et ode à la nature. Puis en remontant, nous découvrons la Pedrera, aux balcons en lianes de fer forgé. En poursuivant notre déambulation, nous découvrons dans chaque rue un immeuble pittoresque avec de larges verrières ouvragées. D’immenses grues s’élèvent au dessus des toitures, nous approchons de l’œuvre inachevée d’Antoni Gaudi. L’entrée de ce monumental édifice est située sur la façade de la Nativité. Une telle profusion de bas-reliefs, d’ornementations, de sculptures, sans l’aide de l’audio-guide, ne permet pas d’interpréter toute la symbolique de la naissance de Jésus. Lorsque je pénètre dans la nef, je ressens une sorte d’élévation spirituelle. L’architecture, hommage à une nature anarchique, est mise en valeur par une lumière diffuse, incrustée dans les piliers ou focalisée par les vitraux, symbole de l’art sacré. Nous nous élevons dans une des tours de cette façade pour admirer, à la fois le panorama sur la ville et les travaux en cours.

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Après deux heures d’une visite inoubliable, il est temps de se trouver un estaminet pour prendre le temps d’une pause casse-croûte. Sur la place de la Révolution, nous nous installons à la terrasse du Bar Canigo où le serveur, en français, nous propose sa carte de salades et de sandwichs. Ce quartier traditionnel de Barcelone possède de remarquables places où se réunissent les locaux. Les rues sont bordées d’arbres qui grimpent pour rechercher la lumière. Ainsi nous profitons de cette magnifique journée pour savourer la douceur ibérique.

Galerie photo : Barcelone 2016